Dans mon cercle intime de joueurs, peu sont ceux qui s’adonnent au plaisir simple de la domination mondiale. Pourtant, c’est une activité des plus enrichissantes. On peut éprouver un plaisir rare à écraser par la force cet adversaire qui vantait les mérites de son armée ou voir ramper devant vous ce dirigeant qui prenait votre peuple pour un regroupement de bouseux. Il est donc temps que je partage avec vous les joies que procure la sujétion de l’univers.Je pourrais vous parler des 4X, ce genre que j’affectionne tout particulièrement. Mais ce serait ouvrir la porte à un article fleuve qui resterait indéfiniment au stade de brouillon. Je vais donc prendre sur moi et me contenter de bavasser sur Civilization VI, dernière production de la saga étendard du genre. Mais il est difficile de parler de 4X sans être rasoir pour une personne qui ne s’intéresse pas déjà au genre. Qui parmi vous à envie de connaître les rouages du système politique d’Endless Space 2 ? Pas grand monde en fait. Je vais donc vous faire découvrir Civilization par un de ses aspects les plus accessibles : l’histoire. Car la force de ce genre de jeu, c’est d’être capable de raconter une multitude d’histoires, à chaque fois différente, alors même qu’il n’existe aucun scénario. Accrochez-vous donc à vos slips, voici une des nombreuses histoires qu’est capable de nous raconter Civilization VI.
Point de départ : un colon et une massue
Le point de départ des Civilization a toujours été le même : vous possédez un colon qui va établir la première ville de votre civilisation. Cette ville va croître et vous permettre de créer d’autres colons, qui créeront d’autres villes et ainsi de suite. Mais vous êtes quelqu’un d’avisé. Vous ne vous êtes pas étendu n’importe comment. Vous avez envoyé un éclaireur découvrir le monde. Il a ainsi pu localiser ce camp barbare qui organise des raids contre votre belle capitale. Vous avez pu aussi rallier à votre cause de petites tribus qui, en vous rejoignant, vous ont fourni ressources et connaissances. Vous faites donc en sorte de réduire ces barbares au silence avec vos guerriers et frondeurs qui commencent à prendre du galon à force de combattre. Quand, enfin, le dernier camp de barbare a été éradiqué, vous pensez votre peuple sauf. Votre empire croit sereinement, à l’abri de la menace, et vous vous voyez déjà partir à la conquête de l’espace avant même les années 1500, naïf que vous êtes. Fort heureusement, les invasions barbares n’étaient que le premier rebondissement d’une longue série…
Premier contact
Vous pensiez être seul sur terre ? Vraiment ? Que nenni ! D’autre civilisations ont commencé leur expansion en même temps que vous et il ne vous faudra pas longtemps avant que vous ne les rencontriez. Ce qui se passera ensuite ne dépendra que de vous… Cette Cléopâtre a été plutôt sympathique la première fois. Mais elle n’aime que les peuples possédant une grande armée. Armée que vous avez délaissée pour développer votre culture afin d’attirer d’illustres artistes dans votre embryon d’empire. Mais attirer les grands de ce monde peut parfois être un handicap. Car Pierre II du Brésil n’apprécie pas beaucoup que vous marchiez sur ces plates-bandes… De l’autre côté se trouve César. Avec lui, tout semble bien se passer. Il vous aime bien. Vous ne pouvez pas vous permettre d’ignorer ces voisins directs. Vous décidez donc de commercer avec eux. Non seulement cela remplira les coffres de votre empire, mais en plus ça vous permettra de tisser des liens amicaux avec eux. Une pierre deux coups en somme. Mais le beau temps ne serait pas si agréable si parfois il ne virait pas à l’orage. César trouve que vous vous installez bien trop près de ses frontières alors que c’est lui qui s’est installé là où vous projetiez de vous étendre ! Cette relation qui commençait plutôt bien s’envenime. C’est à ce moment là que Cléopâtre et Pierre décident presque de concert de vous dénoncer car ils n’aiment pas votre manière de gouverner. Vous voilà, encerclé par des protagonistes qui vous sont presque tous hostiles, sans aucun moyen d’étendre votre empire et au devant d’une défaite certaine si vous ne réagissez pas.
Julienne de rochers
Vous avez beau ne pas être un adepte de la violence, les troupes romaines qui s’amassent à vos frontières ne laissent rien présager de bon. D’autant que César, qui déjà conquis la cité-état de Buenos Aires, vous semble plutôt belliqueux. Ses légions ne seront pas une partie de plaisir à repousser mais vous êtes prêt. La culture, ça va bien en temps de paix, mais vous avez investi toutes vos économies pour fortifier vos villes. Et ce ne sont pas des épées qui viendront à bout de la pierre. Surtout quand vos archers sont bien à l’abri derrière vos murs pour transformer les légions romaines en charmants petits cactus à bouclier. Vous pourriez rester sur ce statu quo mais la présence des Romains est gênante. Ils pillent vos routes commerciales et empêchent vos ouvriers d’aménager votre territoire. Il est donc temps de repousser l’envahisseur. Ce n’est pas trop dur vu ce qu’il reste des légions. Mais…
Ce César, n’était-ce pas lui qui vous empêchait de vous développer ? Il serait trop bête de se contenter de jouer les Asterix quand vous pouvez carrément grignoter le territoire adverse pour le faire vôtre. Vous sortez donc vos plus belles catapultes et faites pleuvoir l’enfer (qui est pavé, rappelons-le) sur Rome. Alors oui, César vous aura supplié maintes et maintes fois de faire la paix. Lorsque vous assiégerez Rome, il en sera même à vous offrir toutes ses richesses et ses autres villes pour que vous le laissiez subsister. Mais après plusieurs siècles de guerre ininterrompue, pourquoi s’arrêter juste avant la fin ? Certes Cléopâtre et Pierre vous regardent d’un mauvais œil, craignant d’être les prochains sur votre liste mais pourquoi laisser en vie un adversaire qui, de toute manière, vous en voudra pour toujours ? César déposera donc les armes, ce qui vous mettra à la tête d’un empire vaste comme un continent. Vous avez même annexé Buenos Aires car… Pourquoi pas ?
Quand vous êtes le méchant
Tout à un prix. Oui, votre territoire est immense. Après leur reconstruction, les villes romaines que vous avez annexées commencent à produire des richesses qui vous permettent d’amasser de l’or en grande quantité. Néanmoins, vous êtes en retard. La guerre éternelle, comme elle sera nommée dans les livres d’histoire, a fatigué vos armées et votre population qui ne demandent maintenant qu’une paix durable. Ce qui tombe bien car c’est justement ce que vous prévoyez pour elles. Il est temps de réinvestir dans la culture et le commerce comme vous l’aviez imaginé au départ. Vous allez même jusqu’à démanteler vos armées pour économiser sur leur entretien. Les bâtiments à vocation culturelle, théâtre, musées, fleurissent dans vos villes. Les artistes illustres se bousculent une fois de plus pour exposer dans vos galeries.
Mais les autres puissants de ce monde ne vous portent pas dans leur cœur. Avoir mis César à terre alors même que ce dernier était à genoux fait de vous le plus grand des bellicistes à leur yeux. Et peut-on vraiment les blâmer ? Vous avez beau vouloir commercer avec leurs villes et partager des ressources, ils ne cessent de jeter l’opprobre sur vous et votre peuple. En plus de ça, cette maudite Égyptienne ne supporte pas que vous n’ayez plus d’armée. Mais si vos voisins directs ne vous supportent pas, peut-être serez-vous mieux perçu sur d’autres terres ? Vous constituez donc une petite flotte pour découvrir ce qui se passe de l’autre côté des océans. Sur un premier continent, les Allemands et les Français font la guerre à un impressionnant état Américain. Sur un deuxième, les Chinois tiennent la dragée haute à des Indiens menés par Gandhi. Le reste du monde se compose de plus petites îles encore vierges, mais pas inintéressantes en terme de ressources. Vous vous voyez déjà coloniser ces îles pour en contrôler les denrées rares. Vous en oublieriez presque votre continent d’origine. Car si la découverte de nouvelles civilisations a démultiplié vos ressources commerciales, vos voisins directs ne sont toujours pas à la fête. Pire encore : ils s’entendent très bien entre eux…
Mais le temps file ! Pour ne pas (trop) vous assommer, je vais m’arrêter ici pour cette fois, en espérant que vous vous languirez de savoir ce qu’il va vous arriver tandis que Pierre et Cléopâtre complotent dans leur coin…
Allez ! Des bisous ! Live long and prosper et soyez sages !
PS : la suite ici
Franchement, je préfère la novelisation au vrai jeu.