MaidaVale : le heavy psyché venu d’un pays froid7 minutes de lecture

Il porte le nom d’un quartier central de Londres mais ce groupe n’est en aucun cas londonien, ni même britannique. Loin de là même, c’est encore plus au Nord qu’il faut chercher les racines de MaidaVale. C’est au pays d’ABBA, de Stieg Larsson et des Krisprolls que ce quatuor féminin s’est formé, sur l’île de Gotland, dans une petite localité au nom de Fårösund (prononcez Foreusound, à peu près). Là-bas, Linn, Sofia, Johanna et Matilda ont formé ce qui s’est avéré être une des mes plus chouettes découvertes musicales des deux dernières années ! Et pour ma première incursion dans les pages de Ketchup-Mayo, je vais tâcher de faire les présentations (moi, déjà, c’est Gaëtan, bonjour).

Pour la faire simple concernant MaidaVale, sachez déjà que ce quatuor s’est formé en 2012, réunissant donc les quatre jeunes femmes que sont Linn Johannesson (bassiste), Sofia Ström (guitariste), Matilda Roth (chanteuse) et Johanna Hansson (batteuse).

Fårösund, c’est là.

Elles se rencontrent toutes les quatre à Ella Music Education, une école musicale spécifiquement dédiée aux femmes et aux personnes transgenres, ce qui est suffisamment rare pour être souligné. C’est ici, au beau milieu de la mer Baltique qu’elles vont recouper leurs influences musicales pour donner à MaidaVale ce son sur lequel je reviendrai après.

A la fin de leur cursus à Ella Music Education, les MaidaVale décident de ne pas s’arrêter pour autant. Déterminées à prendre leur destin en main, elles filent s’installer à Stockholm en 2013 et c’est là qu’elles vont commencer à se faire un nom. Rapidement, la scène rock stockholmoise découvre leur musique chaude et puissante, poussant les MaidaVale à travailler toujours plus dur pour offrir des sets aussi denses que possible. Un travail qui se concrétise notamment en 2016 avec la sortie de leur premier album, Tales of the Wicked West, puis cette année avec son successeur, Madness is Too Pure, tous deux édités par The Sign Records.

Les 4 qui font MaidaVale (de gauche à droite) : Linn Johannesson, Matilda Roth, Johanna Hansson et Sofia Ström.

Quant à moi, la première fois que je les entends, c’est à Paris, sur la scène de L’Alimentation Générale le 4 Mars 2017. Ce soir-là, je venais essentiellement voir jouer les copains de Red Sun Atacama qui ouvraient la soirée mais, en bon public, je restai ensuite tendre l’oreille pour MaidaVale. Grand bien m’en fut fait puisque que j’ai découvert là une formation aussi éclatante que forte ! Elles ne payaient pourtant pas de mine mais elles ont abattu un boulot monstre sur cette scène en l’espace de 45-50 minutes !
C’est à un rock à la fois fuzzy et survolté que j’ai assisté là, dans un style qui mêle hardiment un stoner aride à la chaleur d’un psyché venu tout droit des 70’s. Les influences, me demanderez-vous ? On se doute qu’elles se pêchent en partie du côté de Jefferson Airplane, avec lequel ce groupe suédois partage la chance d’avoir une chanteuse à la voix et au charisme incandescents. Mathilda Roth est en effet sur scène comme une flamme sans cesse ravivée par le souffle des instruments tenus par ses trois comparses musiciennes.  Bref, c’était franchement électrisant, suffisamment pour que j’écoute dans les jours qui ont suivi leur album Tales of the Wicked West sur lequel figure une de leurs chansons devenues emblématiques : (If You Want the Smoke) Be the Fire.

Globalement, cet album est à l’image de ce premier concert où je les ai découvertes : il mêle leurs différentes influences pour livrer ce son qui est le leur, à la fois aussi franc qu’un bon vieux hard rock et en même temps tout en ondulations, teinté qu’il est de wah-wah et autres effets. Et s’il est ouvert par le titre que j’évoquais juste avant, il ne manque pas de poursuivre sur la lancée de ce dernier en enchaînant dans sa première moitié plusieurs morceaux du même tonneau comme le groovy et fuzzy Colour Blind et ce solo que Jimi Hendrix n’aurait sûrement pas renié, ou encore The Greatest Story Ever Told, que je vous propose ici en live avec une vidéo mal intitulée mais peu importe :

La seconde moitié de l’album est quant à elle plus posée. Après un Dirty War encore dans la veine des premières chansons du disque, les MaidaVale laissent plus encore parler le côté psyché/planant qui peut se dégager de leurs prestations sur scène. Restless Wanderer aborde ce léger virage mais c’est sûrement Standby Swing puis Find What You Love and Let it Kill You qui le marquent le plus. L’album se termine enfin sur l’instrumental Heaven and Earth, idéale conclusion de 10 minutes toute en finesse et en douceur pour un premier opus plus qu’entraînant.

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Mais étonnamment, il se passera un long moment avant que MaidaVale ne s’impose dans ma culture musicale. Quasiment un an en fait puisque le 14 Février dernier je retournai les voir, au Supersonic cette fois-ci, attiré autant par le souvenir du groupe que par la gratuité du show et le fait, surtout, que d’autres copains ouvraient pour elles ce soir-là, ceux de Decasia, il faut bien l’admettre. Reste que le concert donné alors a fini de me séduire. L’effet Saint Valentin peut-être, va savoir…

Madness is Too Pure est disponible depuis le 23 Mars dernier !

Il y avait pourtant de menues nuances à mon avis. Un style global qui, sans le délaisser pour autant évidemment, semblait reléguer le côté énervé du heavy qui les inspire pour donner plus de champ au psyché et à ses atmosphères chaudes et planantes. Rien de grave évidemment si l’on aime le genre, d’autant que le set fut une réussite, à l’image des nouveaux morceaux proposés alors. Car oui, j’oubliais presque de le mentionner mais les MaidaVale sont en tournée pour soutenir la sortie de leur dernier album, Madness is Too Pure.

Et d’entrée de jeu, ce nouvel opus nous rappelle chez qui on est. Deadlock ouvre en effet cet album avec la même teinte et la même énergie sous-jacente que dans Tales of the Wicked West. D’un autre côté, il est aussi annonceur de ce que sera Madness is Too Pure : un album où les influences psyché/stoner se font davantage sentir qu’auparavant, privilégiant des riffs certes toujours marqués par cet esprit hard/heavy qui fait encore une fois partie de l’identité sonore de MaidaVale (il y a du Led Zep’ parfois dans tout ça) mais où, néanmoins, les ambiances plus planantes héritées des 70’s et du stoner sont de mise.

Le reste de l’album évolue alors dans ces sphères, peut-être un peu plus inégal que le précédent cependant. Car si certains morceaux comme Gold Mind ou Dark Clouds sont de bonnes compositions, d’autres comme Trance ou encore Späktrum paraissent un chouïa moins inspirés. Un chouïa seulement et l’on prend néanmoins plaisir à parcourir ce second album, dont le single Oh Hysteria! apparaît comme une des pièces maîtresses, lui qui reprend grosso modo les mêmes codes et caractéristiques que Deadlock !

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 Voici donc MaidaVale, rien que pour vos oreilles. Si vous avez aimé ce que vous venez d’entendre, je ne peux que vous recommander l’écoute de leurs deux albums dans leur intégralité sur le Bandcamp de The Sign Records (liens ci-après). N’hésitez pas non plus à aller les découvrir en concert, c’est une autre expérience encore, limite complémentaire de l’écoute des deux disques. Les MaidaVale sont actuellement en tournée et s’apprêtent à partir pour l’Allemagne, la Pologne ou encore les Pays-Bas mais aucun doute qu’elles reviendront bientôt par chez nous !

Pour écouter Tales of the Wicked West : Bandcamp
Pour écouter Madness is Too Pure : Bandcamp again
Pour retrouver les dates de tournée : Facebook

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