Star Wars The Last Jedi : Let the past die, kill it (Spoilers)10 minutes de lecture

Comme dans tous mes articles, toutes les lignes qui suivent représentent uniquement mon avis. Je n’ai pas prétention d’écrire une critique et je n’ai pas la science infuse. Je n’ai pas forcément raison, je suis juste convaincu que vous avez tort (tout le temps, quel que soit le sujet). Je le précise au cas où vous seriez tenté de m’insulter moi, ma famille et ce qui me reste d’amis. Ce qui suit a été écrit à froid, mais énervé, après en avoir discuté avec plusieurs personnes. Si vous cherchez un avis plus positif et avec moins de divulgachage (parce que là, je ne vais pas me priver, vous êtes prévenu), je vous renvoie vers l’article du cher ami Hiboudiurne.

J’aime beaucoup Star Wars The Force Awakens, plus qu’il ne le faudrait peut-être. En même temps, j’aime beaucoup J. J. Abrams de base. Il me semble que c’est un réalisateur talentueux derrière la caméra et qui a toujours chercher à faire de l’hommage dans ses films tout en créant quelque chose. C’est ce qui, pour moi, différencie Super 8 et Stranger Things. Ainsi Star Wars 7, c’est dans la même veine : un épisode surement pas évident à faire qui avait pour but de réconcilier les fans de la première heure et d’amener quelque chose de nouveau. Et il réussit. Il le fait de manière maladroite avec un scénario sous forme de soft reboot qui en a frustré plus d’un (mais le vrai souci c’était la photographie peu originale). Ce n’était surement pas la meilleure façon de le faire mais cette histoire reprise du 4 permettait de faire ressortir les différences et au-delà de cet effet flemmard, j’ai bien plus retenu les nouveaux personnages et les nouvelles situations que tout le reste.

Star Wars The Last Jedi casse quasiment tout ce que le 7 a mis en place. Le général Hux ? C’est maintenant un ressort comique. Snoke ? On en fait un personnage ridicule en tenue dorée de pimp qui se fait dégager sans plus d’explications (comprenez bien que je n’aimais pas Snoke dans le 7 mais il faut savoir assumer). Han Solo est mort ? Tout le monde s’en fout. Même lors de la brève rencontre Leia/Luke, on ne le mentionne pas mais on prend bien le temps de faire une blague capillaire. Finn mortellement blessé ? Il se réveille sans problème dès les 5 premières minutes et même qu’il a juste une tenue d’hôpital qui fuit lohohoholol que c’est drôle. Phasma ? Pas plus d’histoire que dans le précédent, sauf que là elle meurt ! Les chevaliers de Ren ? Nope, disparus. La victoire de fin du 7 ? Non plus, le film s’ouvre sur nos héros en grande difficulté.

Le pire étant bien entendu le jeté de sabre de Luke au tout début qui a failli me faire quitter la séance. Si vous ne comprenez pas pourquoi cette blague c’est de la merde, que c’est la pire preuve de cynisme qu’on retrouve 4 fois par an chez les Marvel, alors le monde court à sa perte. En plus ça amène une tonne d’incohérence encore : pourquoi ce con a laissé une carte s’il ne voulait pas être retrouvé ? Et puis, on voulait vraiment cet éternelle histoire de « vieil ermite qui ne veut plus enseigner mais en fait ok » ?

Le seul point intéressant ce sont les parents de Rey dont la réponse est bien mieux amenée avant de le dire clairement. Au moins c’est teasé dans la séquence du miroir.

Pour le reste, qu’on aime ou non le 7, c’est super frustrant de voir une œuvre censé être dans la continuité rejeter autant son prédécesseur.

Heureusement, il reste l’intrigue Rey/Kylo Ren plutôt bien exploitée (j’aurai aimé que ça aille plus loin mais en l’état c’est pas mal). Mais ce qui amène l’autre gros souci du film pour moi : le propos du film et son hypocrisie.

Voyez-vous, on cite déjà ce Star Wars comme étant un épisode qui veut aller plus loin que simplement le côté obscur et les gentils. Il essaye de faire ça, de faire évoluer la saga. Avec Benicio Del Toro (qui bégaye de temps en temps, on ne sait pas pourquoi, mais c’est chiant) et cette idée que l’Empire et la République c’est blanc bonnet, bonnet blanc. Que tout ceci est un cycle infini sans grand intérêt qui doit maintenant se renouveler. Ce n’est pas une idée inintéressante. Ça ne va pas beaucoup plus loin sur son personnage, mais de l’autre côté de l’aventure on retrouve cette idée chez Kylo Ren.

Lorsque ce dernier tue Snoke, il invite Rey à le rejoindre, à laisser tomber la rébellion, les jedi, les siths : « let them die ». Le film décide officiellement d’avoir une nouvelle proposition, celle d’arrêter le cycle infernal qui dure depuis 7 films et un spin off, et surtout de laisser tomber le passé (il suggère même à Rey d’arrêter de chercher une figure paternelle chez les icônes du passé que ce soit Han ou Luke).

Moi, au bord du suicide devant la première scène de Luke

Sauf que c’est bien beau de le dire, film, c’est bien plus difficile de l’exécuter. Ainsi l’aventure enchaîne les moments fan service dégoulinants qui font parfois penser à de la fanfiction de bas étage : Leia dans l’espace qui utilise la force (mon dieu, cette scène), le retour de Yoda, et bien sûr Luke qui se prend des dizaines de missiles dans la face sans bouger (je pense que Rian Johnson se masturbait devant la trilogie originale quand il a écrit ça). Cette dernière scène est d’ailleurs la dernière scène d’action du film et je trouve ça sacrément paradoxal d’oser avoir un discours « place aux jeunes » et en même temps de laisser à Luke toute la gloire de fin en slow motion (il esquive un coup de sabre comme dans Matrix ohlala la tiepance).

Ce qui m’amène à un autre souci, peut-être le dernier rassurez-vous, la mise en scène n’est pas top. J’ai déjà évoqué les séquences embarrassantes de Leia dans l’espace et de Luke en slow mo, mais même au-delà de ça, le film n’a pas vraiment de moment de grâce. En dehors d’un ou deux plans, il n’y a pas vraiment d’image qui me reste en tête. J’avais même oublié qu’à la fin il y a une course poursuite avec le Faucon Millenium parce que la scène est une redite de la poursuite du 7 mais sans génie. Dans les scènes cheapos, il y a aussi celle du laché de de bombes dans l’intro. Qu’est ce que c’est que ça encore ? On dirait de la série B. Ca se sent dans les dialogues aussi : les punchlines entre Phasma et Finn, le discours sur l’amour de Rose,…

Si une vanne est drôle, faites la une deuxième fois moins de 10 secondes après, c’est toujours efficace !

Quant au scénario (ce n’était pas le dernier souci, déso), c’est une belle illusion. J’aime bien l’idée que tout le film se déroule dans période très réduite et globalement, plus le temps passe moins je suis du genre à m’arrêter sur « l’histoire est bonne ou non » (d’où mon amour pour The Force Awakens). Cependant, je ne peux m’empêcher d’y penser, ce film n’apporte rien…? Ok, si, Snoke est mort, Kylo Ren prend sa place. C’est quelque chose. Et ensuite ?

Rey n’évolue pas spécialement, elle commence une relation à distance avec Adam Driver mais ça ne se conclue pas (c’est toujours difficile) et surtout, son entraînement ne démarre jamais vraiment. A peine entame-t-elle des exercices qu’elle quitte l’île. Et maintenant Luke est mort, un peu randomement, après avoir fait une bonne grosse farce à son neveu.

Poe, c’est bien gentil, je vois bien le discours du film « Être un bon commandant ou un héros » un peu balourd mais sa storyline ne sert absolument à rien. Il aurait suffi que Laura Dern lui explique son plan pour qu’on échappe à 30 minutes de rébellion inutile.

Le pire reste Finn a qui on offre un début d’amourette dont on se fiche pas mal autour d’un propos ridicule de « Les vrais méchants ce sont les riches ». Qu’est-ce que tu racontes, DISNEY ?!

Le film s’agite dans tous les sens, les personnages s’énervent, cours, il y a des explosions et un sacré bon rythme. Mais au fond il n’y a pas grand-chose, pas grand-chose de plus de que dans le précédent en tout cas. Certains le qualifiaient déjà de superficiel, c’est un adjectif que j’attribue sans hésiter à ce Last Jedi.

Malgré tout, c’est un sentiment curieux que me laisse le film. Après toutes ces lignes, vous devez penser que j’ai détesté. Eh bien non, je n’ai pas détesté. Je suis même sorti du film complètement emballé. Oui, oui, je vous assure. Je trouve le rythme maîtrisé, j’étais pris par les enjeux et sur le coup et j’ai eu un vrai plaisir à le voir. J’aime toujours le casting (Adam Driver en tête), et certaines directions prises ; le sentiment d’échec qui se dégage de chacune des actions de nos héros du début à la fin (je n’avais pas besoin de Yoda pour le comprendre), certaines scènes notamment l’affrontement côte à côte de Rey et Ben Solo ou encore le fait que le film se termine, qu’il soit complet sans coupure pour teaser la suite.  Je ne peux pas et je ne veux pas non plus renier ce plaisir. Si je devais résumer, je dirais que je préfère le fond du film à sa forme. Quelques jours après, si je devais résumer les grandes idées du film, mon avis semblerait plutôt positif. En dehors du mépris qu’il peut avoir pour le 7, le film apporte pleins d’idées intéressantes. Mais dans la forme ça pêche. J’aurais adoré voir ces idées traité avec plus de talent. 

Alors déçu oui. Énervé aussi, surtout à l’idée que cet épisode devienne plus populaire que le précédent. Mais on n’a pas encore franchi la barrière irrattrapable du phénomène Marvel, pour la simple et bonne raison que j’ai eu du plaisir à voir ce film.

 

Le film se termine sur un enfant esclave qui se tourne vers les étoiles et regarde la galaxie. Comme si le réalisateur essayait de nous convaincre qu’il a encore son regarde d’enfant sur la saga. C’est plutôt une belle image mais c’est trop tard, je suis convaincu du contraire. Avec The Last Jedi, Rian Johnson nous offre un regard non pas d’enfant mais d’adolescent sur Star Wars : une œuvre faussement rebelle, un peu grasse, qui fait du bruit, qui donne tout ce qu’elle a sans jamais se poser pour y réfléchir. C’est parfois jouissif mais avec un peu de recul, ça n’a pas vraiment de fond. Pour les yeux d’enfant, je me tournerai vers le 7 et j’ose espérer que le 9 me reconciliera un peu avec l’aventure tout en assumant cet épisode. Je suis évidemment heureux que mon cher Jayjay revienne mais plus encore que Colin Trevorrow s’en aille. C’est la dernière chose dont on aurait eu besoin.

Godspeed rebels

 

 

Et à la proch…

 

Attendez ? Laura Dern dit « Godspeed» ? Quoi ? Mais vous savez qu’il y en a une récurrente de phrase pour se souhaiter bonne chance ? Et qu’on peut l’utiliser sans en faire une vanne à chaque fois ! Mais allez nique toi, film !

PS : Ahahah ça n’en finit pas, pardon. Juste un mot sur les musiques déjà discrètes dans le 7, pas meilleures dans celui-ci. C’est même étrange, finalement, ce Last Jedi m’a prouvé que je les connaissais les thèmes du 7 mais je n’ai pas eu le sentiment d’en entendre des nouveaux.

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