KV2P1 : Explication d’une incompréhension

KV2P1 : Explication d’une incompréhension

Ca y est la première partie du deuxième volet de Kaamelott est sortie et une chose est sûre, c’est qu’elle ne me laisse pas indifférent.
J’ai apprécié la séance, pas d’ennui particulier, des questionnements sur certaines choses et pourtant en sortant quelque chose me dérangeait, une chose sur laquelle je n’arrivais pas à mettre des mots quand on me demandait “Alors c’était bien?”.
La seule réponse que je pouvais apporter était : “C’est plus compliqué que ça”.


Mais pourquoi c’est plus compliqué que ça? KV2P1 est juste un film, je devrais pouvoir arriver à répondre à cette simple question par “oui”, “non”, “oui mais”, “non mais”…

Et si j’étais dans cette réflexion là, c’est parce que quelque chose me dérangeait. Et cette chose n’est même pas liée au film en général mais à mon rapport à ce film.
Qu’est ce que j’attendais de Kaamelott Volet 2 Partie 1? Pourquoi ce n’était pas en phase avec? Et, est ce que c’est surtout la faute du film?

C’est quoi Kaamelott?

Ca peut paraître idiot de commencer par une remise en contexte de ce qu’est Kaamelott, tant on pourrait croire que c’est acquis pour tout le monde. Mais tout le monde, ça regroupe un public tellement large qu’il faut s’y adapter (j’y reviendrai plus tard). Il me semble donc nécessaire de revenir non pas sur un historique complet de l’œuvre d’AA mais bien de revenir sur ses thématiques, de ce que ça veut raconter. 

Je pense qu’il est intéressant de découper l’oeuvre en plusieurs parties : 

  • Les livres 1 et 2
  • Le Livre 3 et 4
  • Le livre 5 et 6
  • KV1

Les livres 1 & 2

C’est la mise en place. 200 épisodes (de 3 minutes) pour nous présenter l’univers, les personnages, leurs relations, les enjeux (le plus grand étant la quête du Graal) et comment tout ce beau monde fait face à cet univers.

Très vite on comprend donc que nous sommes dans un monde d’Heroic Fantasy (à la SdA ou GoT), donc un monde où se côtoient les Hommes et des créatures fantastiques (dragons, skavens, dieux, sorciers,…).
Et une des premières choses qui nous est montrée, c’est que l’entourage d’Arthur, même s’ils ont l’habitude de vivre dans cet univers, est très vite dépassé dès qu’il s’agit de sortir du château.
Beaucoup d’épisodes sont consacrés à nous montrer que les quêtes sont, soit pas folles, soit complètement inventées, ou encore pas « top prestige ». Que ce soit autour de la table ronde ou bien en situation réelle (Cf. Livre I, Episode 91 : “La Fureur Du Dragon”).
Là où le travail du Père Blaise est d’écrire la Légende (ce qui doit être lu) que l’on connait, de retranscrire ces histoires, mais de façon à ce que les écrits présentent les chevaliers comme nobles et courageux face à l’adversité.
Alors que ce que l’on nous montre, ce sont des personnages avec des histoires bien plus terre à terre et avec beaucoup moins de panache.
Ca, c’est la première chose. Nous n’avons pas en face de nous des personnages héroïques, mais bien des gens dépassés, et pour qui il est facile de s’identifier. Ce qui créé le contraste attendu de la série et y donne tout son sens humoristique.

La seconde chose c’est la quête du Graal. Ici pareil, dans les récits il est probablement écrit que cette quête est la plus prestigieuse et sert le but divin d’“apporter la lumière sur la Terre”. Sauf que pour l’entièreté des chevaliers, à l’exception d’Arthur et Lancelot, cette quête est, au mieux abstraite, au pire trop éloignée de leurs préoccupations quotidiennes (Cf. Livre I, Episode 100 : “La Vraie Nature du Graal”).

De plus, il y a un royaume à faire tourner avec un peuple qui réclame, des envahisseurs à repousser et des relations entre les clans à maintenir. Beaucoup de choses sur les épaules d’Arthur qui doit composer avec tout ça et respecter la volonté des dieux et la grande quête qu’ils lui ont confiée.

Livre 3 et 4

Le livre 3 continue le travail des livres précédents en introduisant la dissension Arthur/Lancelot, ce qui permet de poser les premiers jalons de leur réelle histoire et leur confrontation à venir. Les 2 seuls qui comprennent ce qu’est le Graal (symboliquement) et pourquoi il faut le chercher sont en total désaccord sur comment le chercher (ou plutôt avec qui) et ce qu’il faudra en faire une fois trouvé (à qui en faire profiter).
Arthur est pour le partage à tous, Lancelot est pour la sélection. Désaccord complet et donc séparation obligatoire.

A cela s’ajoutent les premiers signes de découragement d’Arthur, sa défiance vis-à-vis des dieux qui le laissent seul face à la tâche qu’ils lui ont confiée. Arthur tente de penser pour lui, de choisir l’égoïsme ce qui lui vaudra leur courroux avec notamment l’échange d’épouse Guenièvre/Mevanwi suite au départ de Guenièvre pour rejoindre Lancelot (Cf. Livre IV, Episode 50 : “La Réponse”). 

Ainsi que la création d’une antagoniste supplémentaire, Mevanwi, suite au renoncement.

Pour le reste, on est sur la continuités des 2 premiers livres avec des scènes quotidiennes et de personnages encore et toujours dépassés.

Ces saisons se concluent avec la déchéance complète de Lancelot suite à la perte de Guenièvre, et au début du “Siècle des larmes, hurlements”.

Livre 5 et 6

Ce sont les saisons de l’effondrement d’Arthur, de Kaamelott et du royaume tout entier.

Arthur replante Excalibur pour montrer à tout le monde que c’est lui le seul et unique Roi de Bretagne. Mais il commence à douter de s’il peut encore tenir avec tous les problèmes que cette position non “méritée” selon lui (Cf. Livre VI, Episode 5 : “Dux Bellorum”) engendre.
Il n’a, depuis son retour de Rome, été que l’instrument des Romains, des Bretons et des Dieux (Cf. Livre VI, Episode 1 à 8). Et cela lui pèse.
Qu’est ce que lui, Arthur, en tant qu’homme cherche. Il ne cherche ni le Graal, ni la cohésion des peuples de Bretagne, ni n’a d’ambition particulière en tant que souverain. Il souhaite trouver sa quête personnelle. 

Tout ça le mènera à abandonner le trône, et partir chercher sa descendance. Seul moteur qui le motivera à avancer et à ne pas sombrer totalement suite aux différents échecs qu’il aura subi après tant d’années sur le trône malgré quelques réussites auxquelles il tient (Cf. Livre 5 Episode 49 “Le Retour du roi”).

Toute cette quête est rythmée par des rencontres avec des personnages connus, qui étaient partis de leur côté. Et là encore, on les retrouve face à un monde pour lequel ils ne sont pas taillés (Cf. Livre 5 Episode 39 : Unagi V et Episode 40 : Les pionniers).


Descendance qu’il ne trouvera jamais donc, après un long chemin introspectif. Échec supplémentaire qui le poussera à l’extrémité ultime dont il sera sauvé au dernier moment par Lancelot, revenu d’entre les morts (au sens figuré), poussé par Méléagant, afin de prendre les rênes du royaume, avec le même objectif que celui d’Arthur, trouver le Graal et apporter sa lumière (mais pas pour tous). 

Et c’est celui-là, le dernier échec d’Arthur.

La conclusion se trouve à la fin du Livre 6, qui nous raconte comment Arthur s’est retrouvé à prendre la place de Roi de Bretagne, mais dont le dernier épisode fait suite directe au Livre 5 et nous montre un Arthur au fond du trou et qui finit par donner les clefs du Royaume à Lancelot. Dernier acte de défi d’Arthur aux dieux, et qui scellera, pour un temps, le Royaume de Logres dans une ère de trouble, avant qu’il s’exile à Rome.

Tout ça, c’est le niveau d’informations qu’à un spectateur assidu. Mais est-ce le cas de tous les spectateurs du 1er film?

Kaamelott 1er Volet

Avant d’aller plus avant dans ce que Kaamelott raconte, notamment au travers du 1er film, il est, je pense, important de faire un état des lieux de : à qui s’adresse Kaamelott au cinéma?

Bien entendu aux spectateurs de la 1ère heure (dont je fais partie). Il s’adresse aussi à ceux que j’appellerai les acharnés du bulbe (dont je fais aussi partie) qui pendant les longues années d’attente se sont refait encore et encore les 6 Livres, ont regardé des vidéos Youtube sur le Lore, les personnages, et même les théories sur les films ou encore le suivi des différents grains semés sur le passage d’AA à partir du moment où le tournage était lancé. 

Mais Kaamelott au cinéma s’adresse aussi au public qui a picoré la série au gré de ses passages télé de l’époque et rediffusions, ainsi qu’aux nouveaux venus.

Difficile de contenter un public si vaste. Il faut avancer, mais en réintroduisant tout, expliquer d’où on vient, sans pour autant se répéter. Et la tâche est loin d’être aisée. Pour ainsi dire impossible.
Kaamelott au cinéma veut aussi dire qu’il en est fini des choses hors champ, les batailles, les créatures, les quêtes. Il faut donner à Kaamelott l’ampleur qu’on lui attend mais tout en gardant l’esprit initial, des personnages qui sont dépassés par ce qui les entourent.

Et KV1 le fait assez bien.
C’est un film construit, qui reprend 10 ans après les événements de la série, plante le décor, expose les enjeux, et trouve une résolution.
La problématique c’est qu’il me semble que la résolution n’a pas, ou peu, été comprise par le public.

Arthur n’a pas plus envie de reprendre les rênes du Royaume qu’au début du film. Il a seulement, au fur et à mesure de ses rencontres et notamment suite à son passage en Aquitaine, avec le Duc et à Gaunes, avec Bohort et sa “nouvelle” table ronde, besoin de réparer.

Il comprend qu’après avoir laissé le Royaume à Lancelot, il a laissé le peuple dans une totale misère. Et il en est le seul responsable. Il n’est jamais question de remonter sur le trône, même si, le fait de retirer l’épée le rend de fait légitime à le faire, son seul objectif est de réparer ce qu’il a causé de par son choix d’homme. Ici, nulle intention divine ou autre manœuvre politique. Il revient, presque contraint et forcé par ses anciens alliés, à voir ce qu’il a laissé derrière lui, et il doit réparer pour que les bretons, ne soient plus sous le joug (comme le joug-joug) de Lancelot.
Réparation aussi auprès de Guenièvre, devenue femme d’Arthur et Reine de Logres par pur jeu politique, qu’il a décidé, suite à la promesse faite à sa 1ère femme Aconia, de délaisser. Il profite de son “retour” pour réparer aussi cette relation et assumer l’aspect romanesque de cette histoire.
La scène qui fait suite au combat contre Lancelot le montre bien, il n’est pas de retour en tant que Roi, élu des dieux, il ne veut pas replonger la dedans. Il veut juste la paix, et cela passe par une nouvelle tentative de suicide, qui se solde une fois de plus par un échec suite à l’arrivée de la jeune génération.


Et il est vrai que ce n’est pas forcément ça que je voulais voir. Parce qu’Arthur qui abandonne, je le connais, je l’ai déjà vu. Arthur qui souhaite en finir, pareil.

Beaucoup d’entre nous, et je parle ici des premiers venus dans l’univers et des “fans”, s’attendaient à un relancement de la dynamique et à retrouver un Arthur en fin de film, galvanisé par sa victoire et prêt à relancer toute la machine et, entre autre, la recherche du Graal. Et c’est, peut être ce que la dernière scène avec les Saxons peut laisser entendre, mais c’est oublier ce qu’il s’est passé juste avant.
Arthur n’est avec les saxons que pour réparer ce qu’il a causé, le morcellement du Royaume, qui est un sacrilège.
A la fin de KV1, Arthur a fait ce qu’il voulait faire, pas ce que les gens attendaient de lui, il a repoussé Lancelot, il a réparé le Royaume, maintenant “démerdez-vous”. 

Et même s’ il peut y avoir un sentiment de redite, d’histoire qui n’avance pas, on se retrouve face à un nouveau départ pour Kaamelott, pas pour Arthur. Mais est ce que ça s’appelle “Kaamelott” ou “Arthur Pendragon”?

Et il faut se rappeler ce que je disais plus haut, tout le monde, au moment du visionnage du film, n’est pas au même niveau de suivi de cette histoire. Et Astier garde cette volonté de raconter son histoire au plus grand nombre. Et malheureusement, entre dire qu’il a tenté de se suicider il y a 10 ans, et le montrer en train de le faire à la fin de KV1, l’impact sur le spectateur n’est pas le même.
S’il souhaite raconter l’histoire voulue, il faut passer et, malheureusement, repasser par ces étapes là pour qu’au départ de KV2, tout le monde soit au même niveau d’information sur le personnage d’Arthur. Même si ça ne correspond pas aux attentes d’un certain public. La question est pourquoi AA écrit cette histoire et, est ce qu’il doit le faire en fonction de ce qu’attend le public? On y reviendra peut-être un jour quand on parlera de The Beginner’s Guide. La question de “à qui appartient la création” tout ça tout ça.

Mais, est-ce que KV1 est un bon film?

Je vais pas faire une analyse complète de ce que j’ai aimé et pas aimé parce que ce n’est pas le sujet ici (dit le gars qui vient de faire 4 pages sur la série).
Mais après être sorti du film et une joie immense d’avoir, après tant d’années, retrouvé cet univers et ces personnages auxquels je suis tant attaché. Le ressenti à froid même si positif était un peu en deçà non pas à cause de ce que ça raconte mais plutôt du comment ça le raconte.

La réal, le montage, le découpage qui n’a rien de naturel ont, je pense, plus desservis l’histoire qu’autre chose. Mais le film garde de vrais moments de grâce quand l’histoire, certaines relations entre personnages sont réellement mises en avant.

Donc j’aime bien ce film, sans que je trouve que ce soit un chef d’œuvre car trop parsemé de défauts.
Et il a eu une certaine résonance, notamment sur les choix d’Astier de faire de ce personnage quelqu’un qui ne veut pas y aller. Est ce qu’il n’y a pas derrière un message adressé aux spectateurs qui ont tant réclamé la suite? Et dans le fait de ne pas faire ce que les gens attendent, que ce soit les spectateurs ou les personnages de la série.
Il suffit de regarder ou lire une interview d’Alexandre Astier pour comprendre que ce n’est pas son objectif. On peut ne pas être d’accord avec ça. Mais on ne peut pas lui enlever que c’est lui derrière Kaamelott, les choix se sont les siens, et qui sommes nous pour dire à l’auteur que ses choix sont les mauvais, à partir du moment où c’est sa création.


Voilà où nous en sommes au moment de la sortie du second volet Partie 1.

Kaamelott : Deuxième volet, partie 1

(Pas de spoil hormis synopsis et BA)

On attaque enfin la raison initiale de ce papier.

J’ai vu KV2P1 et j’en suis ressorti plus que confus, et tout ce qui est écrit au-dessus vient de ce constat.
J’ai eu beaucoup de mal à mettre des mots sur ce que je venais de voir et il a fallu que je reparte au tout début pour réussir à comprendre, ou du moins tenter de comprendre, ce qu’avait voulu faire Astier, pourquoi il l’avait fait comme ça et pourquoi moi, qui partait avec un a priori plutôt positif, j’en suis sorti perdu?

Déjà un premier point, il y a un consensus au niveau de la création cinématographique qui est qu’un film doit se tenir seul. Il doit avoir un début, avec une présentation des enjeux, un déroulé lié à ces enjeux, et une conclusion, qui peut ouvrir sur une suite.
Et même si dès le départ, il est annoncé qu’il y a un découpage en “partie”, cette règle doit se tenir un minimum, notamment en apportant des conclusions à certains arcs lancés.
Ici, Astier n’a que faire de cette règle. 

Le film est une longue introduction qui revient sur les conséquences de la fin du 1er épisode (la première moitié du film) et l’ouverture vers la suite (la seconde moitié) et ça s’arrête la. Rien, ou presque, ne trouve de conclusion.

Et ça, c’est quelque chose que je rangerai dans la case des défauts du film. Il est difficile de le juger en tant que film puisque que clairement Astier nous dit, c’est le premier morceau, le film c’est Kaamelott Deuxième Volet, donc bah attendez la suite. 

Et sur ce point, je suis partagé. Je trouve presque que c’est une prise d’otage de nous laisser comme ça, et pourtant il y a un côté de moi qui me dit, “après tout” il fait bien ce qu’il veut. C’est sa création, s’il souhaite la découper comme ça, qui sommes-nous pour lui dire que c’est une erreur ? C’est avant tout, à mon sens, le principe même de l’art de savoir sortir des règles établies pour proposer quelque chose de différent. Il faut cependant que ça serve le propos. Et là, pour moi le propos de l’auteur est : l’attente vaut le coup et la partie 2 se mérite. Très bien Alexandre, qu’à cela ne tienne, à toi de me prouver que ca n’est pas juste un problème de narration.


Ce qui fait qu’il est trop tôt pour juger de KV2 dans ce qu’il veut raconter pour l’instant (même si je parlerai quand même de ce que raconte cette partie sinon vous allez vous dire pourquoi on s’est farci  tout ce qu’il y a au dessus, et vous seriez en droit de me détester). Cette réponse ne pourra être apportée que dans un an. Par contre, comme Arthur le dit si bien dans la série “Merde, J’espère qu’il y a une chute à tout ça parce que l’intro est comme ac ?” (Cf. Livre 1 Episode 67 : La Kleptomane).

Car oui, le risque de tout ça, c’est qu’effectivement, la conclusion de ce volet vaille le coup de s’être vue proposer une introduction de 2h19 et un an d’attente. Je laisse encore le bénéfice du doute, par contre il ne faut pas se louper.

Mais suis-je en droit de douter après ce que j’ai vu de la première partie?


Et bien là aussi je suis mitigé. Parce que j’ai trouvé des choses superbes en termes de visuels. Oui, le film est beau. 

J’ai aussi trouvé que toute la première moitié se tenait bien en termes de rythme, de dialogues, d’ambiance et de pose des enjeux.
Et même si oui, il y a de la redite par rapport à la série, je pense avoir compris, et j’espère, réussi à vous convaincre de la nécessité pour Astier de passer par là pour que tout le monde ait le même niveau d’information.

Pour ce qui est de la deuxième moitié, c’est ici que le bât blesse. Même si je n’ai pas ressenti d’ennui à proprement parler, j’ai eu peu envie de voir avancer les groupes de personnages qui partent chacun de leur côté pour accomplir leurs quêtes. Et surtout pour la jeune génération. Car ces personnages, même si introduits depuis le 1er volet, n’arrivent pas à trouver susciter mon intérêt car composés de personnalités facilement interchangeables et difficilement identifiables. Je trouve d’ailleurs qu’ils s’identifient plus en tant que groupe plutôt qu’en tant que personnage propre.
Et c’est très surprenant de la part de l’écriture d’Astier qui nous a habitué à avoir des personnages très marqués, quand bien même ils faisaient partie d’un groupe.
Cela vient probablement de l’écriture des dialogues de ses personnages et du jeu des acteurs qui fonctionne beaucoup moins que pour les anciens, presque à se dire que si la série a une qualité aussi bonne c’est parce qu’on avait face à nous des acteurs chevronnés (au théâtre) qu’il n’était pas nécessaire de “diriger”.
Ça n’a pas l’air d’être le cas pour la relève.

Pour ce qui est des “anciens”, on les suit faire leurs quêtes mais sans que ça avance beaucoup car, bah faut s’en garder sous le coude pour la partie 2. Et on les quitte à la fin, avec une péripétie chacun (par groupe) qui vient stopper leurs progressions, au même moment du film (qui est aussi un problème mais je l’aborde plus bas), mais tout fait assez artificiel et semble être là pour créer un semblant de cliffhanger avant coupure.

Car oui, l’artificialité vient aussi du fait que toutes les quêtes se déroulent en montage parallèle. On suit le début de l’une, puis coupure, le début de l’autre, puis coupure, puis le début de la 3ème,…. et on revient à la première pour voir où ils en sont, puis on passe à la deuxième etc…
Sauf que là où la première moitié suivait un rythme assez linéaire, à partir du départ pour les quêtes, ça devient foutraque au possible.
On va suivre des personnages qui vont aller dans des tunnels sous Kaamelott et des personnages qui vont partir en méditerranée. Et tout ça en parallèle. Sauf que si on prend le temps de faire le calcul avec les informations que donne le film, la partie Méditerranéenne dure 4 mois et demi. Et ce montage nous fait donc ressentir que pour le groupe qui est sous Kaamelott, le temps passé est le même, sauf que non, en tout et pour tout il s’est passé une demi journée sous Kaamelott.

Le problème que cela va engendrer, c’est qu’au moment où Arthur part lui-même “à l’aventure”, pour ce qui concerne les personnages sous Kaamelott, il doit déjà savoir ce qu’il en est, et ça depuis un moment. 
La gestion du temps qui passe est totalement aux fraises et je ne vois pas comment il va pouvoir se sortir de ça.
Le risque c’est que dans la seconde partie, on se retrouve avec des résolutions de quêtes aussi en simultanée, et donc des “rapports” de quêtes à la table ronde en même temps, ce qui n’aura aucun sens en termes de temporalité.
C’est peut être mon plus gros problème avec ce film. La gestion des temporalités, ou du moins son absence.

Pour moi, il n’y a plus de notion de mise à niveau ici, c’est juste raté.

Par contre, là où j’attendais de l’épique dans les quêtes en entrant dans la salle, je n’ai pas eu mon compte. Et c’est là que je fais le parallèle avec ce que j’ai noté plus haut. Kaamelott nous montre des personnages démunis et pas suffisamment armés face à ce qu’ils rencontrent, et même si on voudrait que ça soit différent, c’est toute la thématique de Kaamelott et ce depuis le Livre 1. Donc de voir tous ces “héros” ne pas savoir quoi faire et se faire globalement martyriser, c’est le propos initial de la création d’Astier. Et même si le médium cinéma pourrait donner envie de voir des choses plus majestueuses, ou avec des enjeux plus grands, ça ne ferait que trahir la vision de départ si tout d’un coup, les personnages se mettaient à gérer tout ce qu’ils croisent sans problèmes. C’est cette dernière thématique, très peu abordée dans le premier volet, qu’Astier a voulu, je pense, montrer dans cette seconde moitié.
Donc là je suis sorti déçu, mais j’ai compris le pourquoi et difficile d’en vouloir à l’auteur.
Par contre ce que j’adorerai, c’est que dans la partie 2 il y ait un peu d’héroïsme dans tout ça, car si le but c’est juste de nous raconter les histoires de gros nuls qui partent à l’aventure, ca risque de faire léger et, nous présenter des gens qui arrivent à se surpasser malgré l’adversité, enfin, là on sera mieux. 

Globalement, il a voulu trop en mettre, trop d’histoires, de persos (franchement Chabat et Clavier, c’est sympa de faire venir les potes mais ils servent à rien), de lieux différents et donc forcément ça, plus rebondir sur les éléments du 1, et mettre tout le monde à niveau, ca rentrait pas en 2h20.

Néanmoins, le film a de vrais moments de grâce, notamment visuellement (comme je le disais plus haut), il y a des compositions de plan magnifiques. Visuellement on est au cinéma. Il y a un vrai travail de l’image, contrairement au premier qui faisait très “technique” dans sa réalisation. Et à de nombreuses reprises je me suis dit “wow c’est magnifique” (ça c’est pour ceux qui parlent de téléfilm dans leur critique).
Et le film n’est pas vide, ce n’est pas parce qu’il raconte des choses que l’on connaît déjà et qu’il ne conclut rien ou presque qu’il est vide. Au contraire, il est trop chargé, et probablement déséquilibré. Mais il n’est pas vide, par contre pas fini oui. Mais c’est un choix de l’auteur (Cf. Livre VI, Episode 49 : “Le Retour du Roi”).

Si j’avais donné un avis direct en sortant ca aurait été “Bien aimé mais bof sur certains trucs et pas mal de redites”. 

J’avais des attentes oui, liées à toutes ces années passées accompagné de cet univers. Des attentes aussi en rapport au média qu’est le cinéma.
J’ai pu trouver des réponses quant au fait que le film ne les a pas atteintes. Mais des attentes aussi qui n’avaient pas réellement de ce sens si l’on reprend le temps de voir la cohérence de l’œuvre globale.
Aujourd’hui, je me rends vraiment compte que le film a de gros problèmes, surtout dans sa deuxième partie, et que clairement, si ce n’était pas Kaamelott, je dirai que la suite ca serait sans moi. Mais peut on oublier 20 ans et laisser ça comme ça? Personnellement, je ne peux pas.

Et c’est comme ça que je conclurai, nous avons eu 2 films (ou 1 et demi) pour égaliser les connaissances du public. Maintenant tout est lancé, tous les enjeux sont posés, les relations aussi (Arthur/Guenièvre <3), il faut avancer. Avancer vers une histoire qui a encore toutes ses chances de résonner et parler, à tout le monde je ne sais pas, mais me parler, j’y crois encore.
J’ai encore confiance, même si je pense que la qualité du prochain jouera beaucoup sur les attentes du 3ème (et dernier volet).


P.S : Je ne parle pas de l’absence de Franck Pitiot parce que là ou pas là, ca ne change en rien le film. Clairement son arc a été donné à un autre perso (proche de lui) mais ce n’est pas sa présence qui aurait améliorée mon ressenti.


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