Les pokémon-like, séparer le bon grind de l’IV

Les pokémon-like, séparer le bon grind de l’IV

Décembre 2023. Après avoir joué successivement à Cyberpunk 2077, Baldur’s Gate 3 et Alan Wake 2, je devais changer d’air. Les bons jeux, c’est terminé !

Pourquoi, mon dieu, pourquoi je me suis dit que me plonger dans l’immensité des pokémons like allait être une bonne idée ?

Qu’on se le dise : je suis un gros pigeon pour pokémon. La licence a sur moi une influence tellement néfaste que j’occulte les évidentes lacunes de ses jeux pour n’en voir que les qualités. Alors oui, ça me permet de passer du bon temps. Je ne regrette jamais l’achat d’un jeu pokémon. Mais en contrepartie je contribue au maintien de la saga à un niveau de qualité abyssal.

Pourquoi j’ai eu l’idée de tester les clones que j’avais si longtemps évités comme la peste ? Moi même je ne sais pas. Peut être que mon cerveau s’est mis en fonctionnement et s’est dit que bordel, moi et mon moi jeune qui rêvait de devenir maître pokémon méritaient mieux que des jeux bâclés indignes des moyens qui devraient leur être accordés. Toujours est-il qu’aujourd’hui, je vais peut-être répondre à la question : les fans de Pokémon peuvent-ils se passer des jeux pokémon et quand même avoir leur dose ?

Donc oui, on est sur une chronique qui va ressembler très fort à une liste, mais promis, je vais essayer d’en tirer une leçon.

Mais avant de commencer cette liste, définissons ce que j’attends d’un Pokémon-like. Et oui, j’emploie bien la première personne, car nous ne sommes pas tous égaux devant Pokémon. On n’attend pas forcément les mêmes choses. Pour ma part j’attends un RPG dans lequel on va collectionner des bestioles pour les faire combattre. Ces créatures vont gagner des niveaux, progresser ce qui va augmenter vos possibilités tactiques. Car oui, je veux aussi de la tactique dans les combats.

Bref, après cette intro la plus longue du monde, commençons notre listing à la recherche du nouveau Pokémon.

Coromon

Premier jeu que j’ai testé, Coromon de TRAGsoft lorgne fort du côté de la 3ème génération de Pokémon (ce qui est peut-être le choix le plus judicieux quand on veut faire des graphismes en 2D). Et il ne lorgne pas que du côté des graphismes ! On est clairement sur un clone de Pokemon. Et c’est ça le problème. Car rien ne démarque le jeu du modèle. Le design des bestioles n’est pas très inspiré, la qualité de vie est mauvaise (trop de menus et sous menus). Point positif : vous pouvez facilement ajuster la difficulté du jeu et même faire du nuzelock de manière native ! Finir le jeu permet même de débloquer un randomiser.

Tout ça c’est très cool, mais au final… bah si c’est pour jouer à un Pokémon 3G, autant jouer à un Pokémon 3G. A l’heure où j’écris ces lignes, j’ai presque tout oublié du jeu.

Monster Crown

Si Coromon était un clone de la 3G, ici la source d’inspiration est au niveau de la 1G. On est sur des graphismes entre 8 et 16 bits qui ont beaucoup de charme. Il y a un véritable effort pour s’écarter de Pokémon. Les types des monstres sont bien moins nombreux et vraiment différents (on est sur des truc du genre Brutal, Malveillant…). Ça fait un gros « pierre feuille ciseau » mais c’est pas désagréable. Autre mécanique très cool : la synergie. En changeant de monstre en combat, vous remplissez une barre de synergie. Plus elle est remplie, plus votre prochaine attaque sera destructrice. Le jeu se démarque aussi par sa difficulté. On sent que le monde dans lequel on évolue est plutôt dangereux. Des monstres surpuissants rôdent pour vous refaire le boule ! Les centres Pokemon sont payants. On note un bel effort de mise en scène avec des images en pixel art sympa. Malheureusement, s’inspirer de la 1G, si on ne fait pas attention, on en récupère aussi les défauts. Et là je sais que c’est un défaut qui n’en sera pas un pour d’autres, mais sincèrement, j’ai passé l’âge d’xp mes bestioles une à une. Devoir passer son temps à farmer l’xp, ce n’est pas une activité très divertissante. Ce n’est même pas une source de difficulté intéressante. C’est juste chiant.

Bref, c’est une belle proposition, qui arrive à se démarquer, et rien que ça c’est cool, mais ça n’a pas été un coup de cœur.

Nexomon

On va entamer la partie où je souffle très fort, vous êtes prévenus.

Je ne sais pas si c’est parce que je m’attendais à quelque chose de bien, mais Nexomon Extinction (le 2 donc) m’a extrêmement déçu. La base est très similaire à Pokémon, mais avec une QOL nettement supérieur. L’interface, surtout celle des combats, est bien plus agréable. Les bestioles sont plutôt réussies. On sent que les animations sont simplistes, mais ça fonctionne quand même. Autre petit twist de gameplay : la stat de vitesse des attaque qui impacte sur qui joue en premier. Une idée simple mais cool. Et là vous vous demandez pourquoi j’ai dit que j’allais souffler ? Car j’ai fini les compliments. On va commencer à taper.

Déjà commençons par les défauts « mineurs » : il y a trop de monstres différents dans ce jeu. Mes créatures était à peine niveau 10 que j’avais déjà capturé une quarantaine de bestioles. Et non, ce n’est pas un bon point. Comment choisit-on 6 monstres parmi 40 alors qu’on découvre encore le jeu !? Pire que ça, dans toutes ces créatures, j’ai remarqué quelque chose de terrible : elles avaient tout à peu prêt les mêmes statistiques. Et pas qu’ un peu : en gros vous retirez un point pour l’ajouter ailleurs et c’était la seule différence entre deux machins. Peut-être que ça se serait arrangé avec le temps, mais là c’était troublant de voir que mon starter était comme n’importe quel autre Nexomon.

Mais ça, ce n’est pas le vrai problème de Nexomon. Son vrai problème, c’est son écriture. Elle n’est pas mauvaise, elle est horripilante. Au départ, j’étais plutôt enthousiaste. On nous pose très vite de gros enjeux. On sent que ça va être serious business. Sauf qu’en fait, le jeu ne veut pas que vous preniez son histoire ou son univers au sérieux. Et comment il fait ça ? En brisant perpétuellement le 4ème mur. Et quand je dis perpétuellement, c’est vraiment tout le temps. Au moins un dialogue sur deux nique l’immersion. Que ce soit un perso qui se moque des clichés de jRPG (ce qui en soit m’énerve déjà car se moquer d’un cliché d’écriture ne rend pas son utilisation acceptable), un autre perso qui fait directement référence à l’auteur, votre sidekick qui souligne le fait qu’il doit vous suivre car vous êtes muet… Non sérieusement, plus je jouais, pire ça allait. Aucune chance que je m’implique dans cette histoire si tous les persos qui sont dedans n’en ont rien à foutre. Je crois que c’est vraiment un des trucs qui m’énervent le plus, un jeu vidéo qui me crie à la gueule qu’il est un jeu vidéo. Bref rien que pour ça, Nexomon c’est poubelle.

Moonstone Island

Sorti le 20 septembre, Moonstone Island de Studio Supersoft est la fusion de Pokémon, Stardew Valley et Slay the Spire.

Vous allez collectionner des esprits, cultiver des plantes qui vous serviront d’items à donner à ces mêmes esprits pour les aider dans les batailles. Ces batailles prendront la forme de combat à la Slay The Spire, chaque créature de votre groupe de 3 apportant ses cartes pour composer votre deck. Sur le principe, c’est bon. C’est même très sympa ! J’avais peur que le côté Stardew Valley prenne le pas sur le côté Pokemon, mais c’est assez équilibré au final. Vous devez aller parcourir des donjons pour progresser… mais progresser vers quoi ? Là est le vrai problème du jeu selon moi : il y a trop peu d’incitation à progresser. Finalement on joue pour… jouer ? C’est bête mais rien ne me poussait à aller explorer plus loin. C’est extrêmement dommage car dans les faits, tout est très cool, mais il manque juste un petit quelque chose pour vous y faire revenir.

Mention honorable quand même car c’est un jeu très joli qui, en s’inspirant un peu partout, ressort avec une copie qui fonctionne mais rate le sprint final.

Temtem

Bon, je commence à être embêté car en regardant mes notes, prises pendant que je jouais, je sens bien que ma patience était mise à rude épreuve. Pour Temtem, j’ai juste mis « Pokémon avec une moustache et en MMO ». Et j’aimerais vous dire que mes talents d’écrivain ainsi que mes souvenirs vont permettre de pondre une superbe analyse sur le fil. Mais il n’en est rien car, bordel, Temtem c’est vraiment Pokémon avec une moustache. Ce n’est pas mauvais et contrairement à Nexomon, ce n’est pas énervant. Bref, ça se joue. Les quelques différences de gameplay de combat avec Pokémon sont intéressantes mais pas inoubliables. Bref, on est presque devant un exercice scolaire. Bien exécuté, mais… Bah voilà quoi. Faut vouloir jouer à un jeu où le level design est équivalent aux vieux Pokémon.

Monster Sanctuary

On attaque la partie la plus bizarre de ce sujet car je dois parler de Monster Sanctuary alors que j’y ai joué il y a très longtemps. Je me rappelle juste que ça a été sympa la première heure, puis je me suis vite ennuyé. Ceci étant dit, à sa décharge, ce n’est pas un clone pur et simple. Le jeu mélange la plateforme/metroidvania et Pokémon de manière plutôt habile. C’est pas désagréable. Mais voilà, j’ai tout oublié. Pour l’anecdote, j’aurais pu jouer au DLC en faisant une collaboration avec l’éditeur qui m’avait contacté en direct. Je n’ai jamais donné suite, et du coup j’ai jamais percé. Coïncidence ?

Monster Hunter Stories 2

Là, vous commencez à vous dire que je n’aime rien. Ou tout du moins, que je n’aime que Pokémon dans le genre. Que, sans la nostalgie, au final ce n’est pas mon genre. Mais heureusement, j’ai encore dans ma besace 2 jeux qui me font dire que tout n’est pas perdu pour moi.

Le premier de ces deux jeux m’a été fortement conseillé par Truffemax ! Il s’agit de Monster Hunter Stories 2. Que vaut donc le pokémon de Capcom ?

Et bien déjà, il a l’immense mérite de ne pas recopier la formule, mais bel et bien de l’adapter à l’univers de MH. Pas de pokéball ou autre dispositif de capture bizarre. Ici, les monstres sont liés à vous car vous êtes lié à eux depuis leur naissance. Vous allez combattre côte à côte avec vos monstres. De plus, vous n’allez pas vraiment contrôler vos compagnons. C’est eux qui prendront leur décision pendant les combats, même si vous pouvez utiliser certaines de leur capacité. Vous allez aussi charger une barre d’amitié qui permet de faire de grosses attaque en combinaison avec votre équipier. Le système de type est troqué, lui, contre un système de pierre-feuille-ciseaux pour le genre des attaques, ainsi que des faiblesses / résistances des monstres à certaines armes (contondant, tranchant, perçant).

Bref, on est vraiment sur un jeu de collection de monstres et de combat stratégique, très joli. On parcourt des zones cools. Toutes nos bestioles gagnent de l’xp en même temps… non vraiment, c’est très très bien. Le scénario est plutôt prenant… Je ne trouve pas de mauvais point. C’est juste vraiment cool et la preuve qu’on peut faire du pokémon sans faire du pokémon, et que ce soit cool !

Cassette Beasts

Deuxième jeu qui m’a comblé et qui n’était pas dans ma sélection au départ, Cassette Beast est la vraie bonne surprise de cette liste. Car MHS2 m’avait été recommandé, je me doutais que ça allait être bien. Cassette Beast en revanche, c’était comme tous ces autres clones de pokémon : je ne savais pas sur quoi j’allais tomber. Heureusement que j’ai une femme qui sait insister quand j’ignore ses conseils. On a donc commencé Cassette Beasts, et quelle bonne surprise !

A la différence de MHS2, on est bien plus proche d’un Pokémon classique. Les graphismes se rapprochent de la fameuse 2D HD de Square Enix (des textures 2D pixel art sur des modèles 3D assez basiques), mais on a une grande map ouverte. On est presque sur un petit open world, même si certaines zones sont bloquées par l’acquisition de capacité. Le système de combat est plutôt classique, mais deux twists le démarque grandement du modèle : 

  • le système de fusion qui vous permet de fusionner les deux monstres au combat pour faire un gros monstre bien plus puissant.
  • le système de type est très très malin. Contrairement à pokémon (et autres), les attaques ne sont pas plus ou moins puissantes en fonction du type de la cible. Non, ici, chaque interaction entre types a un effet particulier. Par exemple, une attaque feu sur un type air fera un mur d’air devant la cible ce qui la protègera. Une attaque électrique sur un type eau provoquera des dégâts régulièrement sur la cible… Bref vous l’avez compris, les effets sont nombreux, variés ET logiques ! C’est très très cool et ça oblige à bien plus réfléchir ses actions que pour de simples bonus / malus de dégâts.

En plus de ça, l’exploration dans le jeu est très sympa et les monstres plutôt originaux. Non vraiment, là encore, peut être même plus que pour MHS2, on est sur du pokémon qui n’est pas pokémon et qui fonctionne !

Voilà ! En défrichant tous ces jeux, je n’en sors pas grandi, mais plein d’espoir. Dans une jungle de clones sans âme, il y a de vrais jeux qui brillent !

Pour finir, petite réflexion

Est-ce que miser sur la nostalgie pour créer un clone est vraiment une bonne idée ? Si je veux jouer à un jeu à l’ancienne qui ressemble à Pokémon, pourquoi ne juste pas jouer à Pokémon ? Les jeux pokémon, surtout les vieux, ne sont pas de mauvais jeux ! Donc il ne sert à rien de les copier si vous n’apportez pas quelque chose. En revanche, la licence s’est tellement enracinée que la voix est ouverte, mais pas sans embûches. Vous voulez créer un pokémon like ? Créez le vôtre. Trouvez cette mécanique intéressante, ce postulat de base qui fera de votre jeu plus qu’un simple clone. L’arbre des possibles est immense, Game Freaks n’est pas prêt de vous bloquer la voie, donc faites-le, et moi je serai là pour kiffer et parler du jeu comme il le mérite.

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