Depuis 25 ans, là où elles leadent, on follow. Retours sur Gilmore Girls !

Depuis 25 ans, là où elles leadent, on follow. Retours sur Gilmore Girls !

L’article contient de manière non dissimulée du spoilers à foison !

En 2009, je me prépare à passer mon baccalauréat, et depuis quelques semaines déjà sur France 4 (oui oui, le logo violet vous vous souvenez) je vois passer des images d’une série, un peu floues, fuzzy, où les filles parlent vite, où on boit du café toute la journée, et où le 4/3 est auréolé d’une couleur bordeau digne des plus jolies feuilles d’automne. Les fringues sont rigolotes et un peu punk pour une adulte, me dis-je ! Je venais de rencontrer Lane Kim en discussion avec Lorelai Gilmore. Et la musique enlaçante – me prenant par la main pour danser devant un miroir, bonbons et soda dans les mains – démarre enfin !

C’est l’histoire d’une mère et de sa fille qui n’ont que 16 ans d’écart vivant dans la petite bourgade très animée de Stars Hollow. Mais voilà que Rory peut rentrer dans une école privée qui l’amènera, Lorelai l’espère en tout cas, à Harvard ! Sauf que les frais de scolarité ne lui sont pas du tout accessibles. Lorelai est obligée de demander un prêt à ses parents, qu’elle avait réussi à maintenir à distance depuis la naissance de Rory. De retour dans leur manoir pour leur parler du projet, Emily Gilmore ne laisse pas l’occasion lui échapper, elle oblige sa fille et sa petite-fille à venir dîner chaque vendredi pour lui raconter leurs vies, sinon pas d’argent !

C’est ainsi que leurs vies bien huilées connaissent un petit contre-temps prenant la forme d’un refrain…

Carole King, Compositrice-interprète du fameux « Where You Lead » du Générique de la série,
dans le rôle de Sophie dans Gilmore Girls.

Alors Gilmore Girls, tout le monde en dit la même chose : c’est une série des années 2000, une histoire de mère-fille un peu trop proches et aussi un peu trop éloignées. C’est l’automne et l’hiver en boîte cathodique. C’est une petite ville assez grande pour ne jamais s’ennuyer, mais assez petite pour n’avoir aucune vie privée. Tout est orange, cotonneux, rempli de bric à brac, de breloques et d’artefacts des années 80. Tout est confort, tout est confiserie, tout est abstrait car les références sont au passé, et tout est précis car les plus petits détails vous ramènent à votre propre adolescence : un walk-man, un portable à clapet, un Mac, un livre jauni, un baume à lèvre à paillettes, des tasses dépareillées, des voitures poussiéreuses, des post-it, des ouvre-lettres, de la nourriture, de la nourriture et encore de la nourriture.

Voilà ce qu’est Gilmore Girls. Un en-cas qui n’en finit jamais…

Votre café du matin, votre chocolat chaud en fin d’hiver, votre soda entre copines, votre apéritif à une soirée ennuyeuse, vos gueules de bois et vos crises de foie, vos cœurs brisés, vos larmes en sachet, des burgers qu’on ne termine jamais, des frites froides encore bonnes au réveil, des parts de pizzas effacées par les tracas de la journée, et vos barres de rires en chocolat.

Ok, mais est-ce que ça suffit ? Est-ce que c’est juste ça qui fait que 20 ans après, j’en demande encore ?

Dean mange une salade… Pfff.

Gilmore Girls, c’est surtout l’histoire d’une tentative ratée de transfuge de classe. De la grande bourgeoisie américaine vers le prolétariat… teinté de retour aux privilèges. C’est le déterminisme social d’un féminisme travailliste. D’Emily Gilmore, la grand-mère, qui revêt les codes de ce qu’elle estime être sa meilleure carrière , sa vie d’épouse, en passant par Rory Gilmore, adolescente en décalage rêvant d’une vie remplie de livres inspirés des plus grands journalistes et d’Harvard… Tout nous ramène au personnage central : Lorelai Gilmore, la fille-mère, héritière d’une classe sociale l’ayant contrainte et privée de sa liberté culturelle.

De l’enfance argentée en décalage permanent, Lorelai se la joue punk jusqu’à sa grossesse accidentelle. De là, elle s’évade de sa prison dorée pour frapper à la porte d’un hôtel restaurant où elle devient femme de chambre, à 16 ans accompagnée d’un poupon à peine plus grand que son sac à dos. Son parcours est recouvert de chance, alimentée par son caractère bien trempée, sa volonté de travailler et de s’émanciper. Les codes du féminisme des années 70 et 80, où la liberté s’octroie non par une bonne union mais par un chéquier individualisé.

Ce qui m’a toujours fascinée avec cette série (7 saisons de 153 épisodes + 1 revival de 4 épisodes en 2016) c’est que je suis passée par les identifications aux trois personnages. A la fac, je me voyais et revivais en Rory, adolescente férue de lecture, accro au savoir et à l’amour de mes proches. En ayant vieilli, je retrouve les mêmes angoisses et les mêmes caprices que Lorelai, et je commence dorénavant à comprendre de plus en plus Emily. C’est la force du scénario d’Amy Sherman-Palladino, nous faire vivre, adorer et détester 3 générations de femmes entre 1950 et 2010. (D’ailleurs si vous en redemandez, The Marvelous Mrs Maisel traite parfaitement des années 50). On pleure, on rit, on s’indigne et on se bat pour elles, car on s’identifie à elles, à chaque fucking obstacle qu’elles surmontent.

Et oui, si j’aime autant Gilmore Girls, c’est parce que derrière son apparente superficialité et légèreté, c’est aussi un peu une série politique, qui vient se faire percuter des valeurs comme la liberté relationnelle, la loyauté familiale, le féminisme travailliste, l’émancipation des codes sociaux, l’ambition intellectuelle, le déterminisme social, l’injustice des classes, la lutte des émotions, la vérité des conflits, l’authenticité des désirs… et la famille qu’on a, qu’on est et qu’on se crée.

Alors ce n’est pas la série la plus féministe des années 2000, (on se souviendra du traitement réservée à Lane Kim ou Sookie St James, et honnêtement aucune série ne fait le poids face à Buffy sur ce plan là, à cette époque là) et la majorité des personnages féminins sont souvent perçues comme « accomplies » lorsqu’elles trouvent l’amour (sauf pour Lorelai et Rory, on y reviendra)… MAIS. La série m’a appris à valoriser mes goûts, mes choix d’études, mes choix de carrière avant l’approbation de ma famille ou de ma relation amoureuse. Elle m’a enseigné le respect des choix des autres, du caractère des autres, à comprendre les traditions pour mieux m’en émanciper.

J’ai surtout appris à aimer la musique par dessus tout, comme support à toutes mes émotions… A vivre dans ma propre bande originale. Et comme elles, chaque morceau est un morceau du passé à réinvoquer pour plonger dans une autre époque :

La musique dans Gilmore Girls c’est l’ADN numéro 2 de la série. Un melting pot joyeux de classiques des années 70, 80 et 90. Avec un BARDE intra et extra diégétique (Grant Lee Philips), le scénario nous invite à penser sa vie avec une bande originale, et aujourd’hui, un simple « La laaa, La la, laaaa laaaa » (How to Dream de Sam Philips) me fait replonger à Stars Hollow, ses citrouilles, son kiosque, ses cafés… Cet environnement mélodique est créé par des morceaux récurrents et des musiciens en guests (notamment sur l’épisode des troubadours) : Carole King, Sam Philips, The Bangles, Russel Mael et le fameux morceau There She Goes des The La’s. Les musiques vous embarquent dans une ambiance un peu vieux jeu, vintage et old fashion qui rassure et fait un peu rêver de nostalgie.

Evidemment, la musique est au cœur de la série puisque Lane, personnage secondaire (meilleure amie d’enfance de Rory) rêve secrètement de devenir batteuse professionnelle et on suivra son parcours semé d’obstacle jusqu’à la concrétisation de son rêve.

Les personnages parlent vite. C’est une prérogative de la scénariste. Ils ont donc le sens du timing et des références. L’ensemble des personnages débite des anecdotes soulignant leurs propres qualités ou défauts. C’est la force du récit : ancrer les personnages dans leur époque avec des références chronologisées, musicalement invoquées, cinématiquement évocatrices etc… (Je vous suggère d’ailleurs de consulter Kazascoot sur sa chaîne youtube qui fait un travail assez remarquable pour que vous ne passiez à côté d’aucune petites perles !) Que ce soit du côté de la politique, de la littérature, des faits divers, de la musique, du cinéma etc… Tout est fait pour que chacun·e d’entre nous prenne une private joke dans le cœur afin de ressentir la douce et chaleureuse émotion d’être inclus.

Il n’existe pas un épisode de Gilmore sans nourriture ou boisson. Pas ne passe un épisode sans que les personnages ne finissent leur assiette, ou pire ! Commande au resto pour finalement ne rien manger ! La nourriture dans la série a une place essentielle.

Des personnages comme Luke (propriétaire d’un diner) ou Sookie (la meilleure amie de Lorelai, cheffe étoilée) représentent à eux deux la prolifération et la générosité que nous fait une comfort food. Ils sont au service des autres, et étalent à foison la farandole d’aliment sous leur nez, tandis que les autres sont là pour la consommer (ou non), comme Lorelai, Rory, Emily et Richard notamment. Ils sont un marqueur social fort que les Gilmore ne parviennent pas à effacer. Ils mangent et dévorent tandis que les autres leurs servent la soupe et les répliques. Comme le café, la profusion d’aliment leur donne matière à discuter. On en redemande parce qu’on en rit quand on y pense (l’anecdote préférée des fans est qu’Alexis Bledel aka Rory boit du coca tout le long de la série, puisqu’elle n’aime pas le café, et selon Stylight, Lorelai boirait plus de 259 cafés durant les 153 épisodes !).

Comme je le disais, la nourriture est leur manière de communiquer et de rythmer leurs répliques, leurs émotions et leur rapport au monde. Chaque lieu qui les accueille à manger revêt ses propres codes (le diner de Luke est à l’image de Loreilai, 80s et à volonté, elle se sert sans compter), les fameux « Friday’s night dinner » des Gilmore est un lieu des codes et des règlements de comptes. La table est mise et chacun des hôtes est un combattant dans un ring attendant son tour d’être cuit.

MAIS que serait Gilmore Girls sans Stars Hollow ?!

L’automne à Stars Hollow est rempli de citrouille, de paille et d’ambiance Pinterest à ne plus savoir où mettre sa cannelle ! L’hiver qui appartient tout à Lorelai couvre Stars Hollow d’étincelles et d’étoiles, le kiosque est un bijou qui s’illumine et réchauffe nos mains glacées pelotonnées dans du café au marshmallow… (oui, on a déjà parlé de la nourriture…)

La ville n’existe nulle part ailleurs, on rêve d’en avoir un mais on ne la supporterait pas plus d’une semaine ! Proximité et Promiscuité, c’est exactement ça. Assez petite pour ne pas éviter les ragots et autres commérages, mais assez grande pour qu’ils ne portent pas à de trop lourdes conséquences. La ville a ce qu’il faut pour ne pas se faire avaler dans un quotidien annihilant et ne vous laissera aucun répit quant à l’investissement social : Il y a un festival pour la moindre saison, le moindre budget, le moindre anniversaire historique… Il y a un drame commerçant à chaque nouveauté technologique, il y a discussion pour le moindre panneau, il y a manigance immobilière à chaque projet d’achat…

Et le conseil municipal est à la fois un modèle de vraie tentative démocratique, et pourtant le théâtre de grandes frustrations sociétales ! Encore aujourd’hui, je ne trouve nulle part cet engagement et enthousiasme frais, presque féérique d’habitants prêts à tout construire et renoncer à leur propre quotidien pour monter des festivités qui feraient pâlir n’importe quel centre culturel rural. On a envie d’être transporté dans ces effervescences sans enjeux et sans importances, qui occupent tout l’espace social de Stars Hollow.

Les personnages de Taylor Doose, Babeth, Miss Patty, Gypsy, Kirk ou même Mory (etc…) composent la ville de sincérité, de frasques attachantes, d’une poésie qui entoure les Gilmore d’un parfum de foyer choisi et adoré.

Bon… Et en ce qui concerne le principal enjeu de la série : Les amours de Gilmore. La question se pose, est-ce que les personnages féminins ne sont accomplies que lorsqu’elles trouvent partenaire à leurs répliques ? Faisons le point.

C’est d’abord à travers Rory que s’ouvre le bal de la quête amoureuse, et surtout la découverte des premiers amours, propre à tout récit sur la construction de l’adolescence. Alors, team Dean, Jess ou Logan (on oubliera Paul ou le Wookie, évidemment) ? Les fans s’écharpent sur le meilleur profil. Autant vous dire que malgré ma participation au concours de ces 3 énergumènes, je dirais que chacun correspond à chacune des Rory qui va évoluer le long des 7 saisons.

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Dean est l’ado qui idolâtre sa meuf et suit sans toujours comprendre ce qui se joue pour elle, comme pour lui. Mais il est gentil et l’aime profondément (il participe activement à son monde), je ne suis pas convaincue que Rory n’en fasse que serait-ce la moitié pour lui. (Fun Fact, c’est à cette période – autour de la saison 4/5 – que Jared Padalecki est remarqué pour interpréter Sam dans Supernatural, avec un frère nommé… Dean… –‘. Dans un épisode de la série fantasy-horreur, les deux personnages traversent Hollywood et notamment le plateau de la série GG. Il fuit la scène, en un clin d’oeil qui avaient ravi les fans ! )

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Jess est le premier partenaire avec de réelles problématiques, obligeant Rory à se décentrer d’elle-même (et de sa mère). Il est à son niveau intellectuel et apporte un équilibre à sa construction. Malheureusement trop instable émotionnellement il ne pourra pas la choisir et vit au contraire de Dean, son amour pour elle comme un roman et pas comme un chemin à construire, ce qui le fera dévier de sa route. Jess est aussi l’un des rares protagonistes qui a droit à un traitement à part, car on le suit dans ses aventures en solo, et ce lore nous attache à lui, révélant là aussi une posture scénaristique qui le considère autrement qu’un love interest. (Fact, J’imagine que le fait que les deux acteurs se soient réellement mis en couple à l’époque a dû aider à l’alchimie…)

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Logan… est l’archétype du personnage parfait. Le bon humour, le bon argent, le bon insolent, le bon intelligent. Celui qui en fait est un mec bien, mais qui en fait reproduit les codes. Celui qui brise le cœur par ses comportements insécurisants, et qui aura le cœur brisé à vouloir un engagement sincère. Il est beau, blond, riche et drôle. Qu’est-ce que je peux vous dire de plus … ? C’est son parcours assez proche de Lorelai (dans son refus de suivre les codes aristocratiques) qui le rend irrésistible mais incapable de la même force morale, il a le mérite d’être à la hauteur des ambitions de Rory (l’argent, ça aide !) et de ne jamais souhaiter qu’elle change pour lui. Il apporte également une fantaisie certaine qui rappelle les univers loufoques de Stars Follow, rendant son acculturation aux Gilmore d’autant plus facile avec sa Brigade d’huluberlus, tous plus attachants les uns que les autres.

La vraie histoire d’amour qui construit Rory est finalement celle qu’elle entretient avec sa mère. Elle s’en émancipera par le travail et ses études, bien incapable finalement de relationner avec qui que ce soit d’autre tant leur relation fusionnelle laisse peu de place à quiconque dans ses rapports émotionnels. C’est ma plus grande frustration que le sujet de toxicité de leur relation ne soit pas plus remis en question. En effet, Lorelai traite Rory comme sa copine et lui fait les mêmes manipulations rhétoriques et affectifs qu’elles octroient à ses amis ou compagnons. Du chaud-froid notamment qui force Rory a être dans une perpétuelle inquiétude d’être abandonnée et à s’excuser en permanence pour des comportements qu’en tant qu’enfant, elle ne maîtrise pas toujours. (Et je le redis ici, mais QUI REVEILLE SON ENFANT au milieu de la nuit pour parler de soucis qui NE LA CONCERNE PAS. C’est un coup à bousiller son développement cognitif ! Bref…)

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Les amours de Lorelai sont relativement intéressants d’un point de vue scénaristique car ils nous orientent davantage sur « pourquoi Luke ne doit toujours pas encore tenter sa chance sinon il va se casser les dents. » Et présentent tour à tour des facettes nouvelles de Lorelai, nous permettant de poursuivre sa découverte.

Max Médina, le professeur romantique. Il est le gars qui essaye pour de vrai. Il essaye de rentrer dans leur monde. De trouver sa place. De ramener de la salubrité dans l’aventure. Il est transi de Lorelai. Il est un beau-père équilibré. Il offre mille pâquerettes jaunes (même si la série en a commandé bien plus pour la scène)… Mais Lorelai n’aime pas le parfait et le gentil… C’est bien connu… Bye Max, tu aurais fait annuler la série si tu étais resté. Mais Rory aurait une vie plus douce.

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Alex, l’aventure oubliée et oubliable. Mais si rappelez-vous, il possède un café, il fait des petites blagues saines, il emmène Lorelai au cinéma. Et il… disparaît. Pourtant, l’acteur, on le connaît je vous assure ! (Billy Burke). Une amourette rigolote qui ne fait de mal à personne. Le gars, il était vraiment sympa !

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Jason Stiles, l’idéal manqué. Il est régulièrement oublié de la liste, pourtant il est selon moi le mec idéal pour Lorelai. Le même humour, la même implication dans son travail, l’allié parfait lors des repas de famille. Il est presque un chouette mélange entre Chris et Luke. Leur relation s’arrête car Lorelai se révèle avant tout loyale à ses parents. Ce passage permet au personnage de Lorelai d’affirmer ses valeurs et de la découvrir réellement dans ses relations amoureuses, sans sa fille dans l’équation. (Il correspond d’ailleurs à une période où Rory rencontre Logan, c’est un peu la période « les bad boys riches qui nous font craquer »). Lorelai s’impliquait et était curieuse de sa vie, c’est ce qui fait que j’ai cru à leur relation, le peu de temps que ça aura fonctionné. Jason, tu manques à ma vie.

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Christopher, le lâche auquel on ne s’attache que très peu. Bon. Je crois qu’il y a bien un sujet sur lequel tout le monde s’accorde, c’est que vraiment, Chris c’est pas le bon. Et on déteste tous la saison des épisodes à Paris. C’est un père médiocre, un amoureux maladroit, et pas un mec particulièrement courageux ou utile. Il est drôle, il connaît toutes les références de Lorelai, mais il n’a aucune vision du futur, ni ambition. Il fuit, il veut rester un enfant, comme à l’époque où ils étaient amoureux. Elle ne l’a pas choisi quand elle était ado, elle le vit comme un regret. Bref, c’est un frein à main. Et nous, on veut que les Gilmore avancent !

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Luke Danes, l’amoureux loyal. Luke est the guy. Il sait tout faire. Il ne comprend pas toujours tout mais dit oui. Il sait s’affirmer sans forcer. Il est drôle. Il est sécurisant. Il est pas toujours rapide, ni au taquet. Mais c’est un pilier. Il a souffert pour elle et en redemande… Parfois je le plains, et souvent je me dis que Lorelai ne le mérite pas. Il est constant, comme son look. Difficile de ne pas l’aimer.

Alors, est-ce que les Gilmore sont définies par leurs relations amoureuses ? Et bien, non. Rory mènera sa carrière avant ses choix du cœur, Emily Gilmore pourra s’accomplir une fois Richard disparu, Lorelai quant à elle n’avait jamais réussi à trouver l’amour et la stabilité, et c’est dans ce couple avec Luke qu’elle connaît non pas un épanouissement mais bien un apaisement, qui nous ravie tous et toutes 🙂

Prenons le temps d’une pause pour faire la liste des personnages que l’on aime aimer, et qui ont été sous-estimés :

  • Lane (EVIDEMMENT!) Personnage hyper contrasté. Elle est l’incarnation de l’ado en crise qu’on aurait été ravie d’avoir pour meilleure amie. Elle a été complètement maltraitée niveau relationnel et carrière par le scénario, Lane tu méritais mieux que ça. Zach, je ne t’ai jamais accepté, et Dave nous manque. (–> Regarder Nobody Want this pour compenser!)
  • Paris. Elle est un de mes personnages préférées. Ambitieuse, perfectionniste, exigeante, elle se révèle une alliée de choix quand elle n’est pas votre ennemie. C’est le personnage qui peut vous emmener loin, je la trouve attachante même si elle peut faire peur. Elle ne craint rien ni personne, et ça, ça n’a pas de prix.
  • Kirk. Sean Gunn. Voilà. Que dire de plus ? Le personnage a eu du mal à trouver une stabilité (rappelez-vous, il s’appelle d’abord Mike lorsqu’il installe l’adsl pour Rory. Puis Kirk a mille boulots. Puis Kirk est danseur. Puis Kirk est artiste. Puis Kirk est ultra riche. Mais Kirk c’est avant tout un assistant chevronné de Taylor Doses, un mec amoureux de Lulu. Kirk est l’âme de Stars Hollow à lui tout seul…) Kirk c’est un farfelu qui anime la série d’un je-ne-sais-quoi d’étrange et adorable.
  • Sookie. Rah là là, la super copine faire-valoir. Je trouve que ce personnage est un souffre douleur et ça me fait beaucoup de peine. L’écriture du personnage passe d’un caractère unique en matière de cuisine et de technicité de la douceur… Jusqu’à être simplement la meuf de Jackson, qui se trouve faire de la cuisine et être une maman overbookée. Et qui n’a pas d’autres intérêt qu’à donner la réplique à Lorelai, une situation qui bascule enfin dans le revival ! Elle est de nouveau caractérisée par sa carrière et non sa famille. (soit dit en passant, Mélissa McCarthy avait enfin réussie à se débarrasser des standards physiques de minceur et voix suraiguë, et reprendre ce rôle même pour quelques minutes ne s’est pas fait sans mal car elle a bien failli ne pas réapparaître dans le revival, ce qui avait suscité moults rumeurs infondées.)

Mon personnage préféré de la série ? … Je ne peux choisir entre Jess et Logan, même si le revival fait pencher la balance vers Jess. Mais je rajoute sans hésiter Kirk et Paris.

En 2016, Netflix nous annonce une surprise de taille. 4 épisodes d’un revival, d’une résurrection de la série. La joie est euphémisme. On est quasiment 10 ans plus tard, et la mini-série se consacre à une année complète sous la forme des 4 saisons, Hiver, Printemps, Eté et Automne.

Je me souviens de la joie nostalgique de retrouver les personnages, de pleurer comme les personnages, et acteurs, l’enterrement de Richard Gilmore (Edward Herrmann)… L’épisode 3 est celui qui s’inscrit le plus dans la veine de Daniel Palladino, le conjoint de la réalisatrice Amy Sherman-Palladino, un peu décalé, rempli de chorégraphies gênantes et longues… Amy Sherman réalise le premier et le dernier, l’hiver et l’automne, les saisons des Gilmore. Le Printemps et l’Eté sont définitivement oubliables de mon côté. Lorelai n’a pas trop changé et cela m’avait brisé le coeur, et Rory est assurément l’un des personnages que je comprend le moins, au point de la détester. Big Up aux évolutions de Paris, Jess et Emily Gilmore. La plupart des acteurs ayant joué le jeu de revenir 10 ans plus tard (il nous manque Chad Michael Murray ou bien Adam Brody pour parfaire la nostalgie…). La mini-série s’adresse aux fans et rien qu’à eux, car qui pourrait comprendre le besoin de ce plan rapproché sur le père de Lane (absent de l’ensemble des 7 saisons) ? Qui pourrait comprendre la satisfaction de voir la cuisine de Lorelai décorée en mode 70s et aménagée pour Luke ? Qui pourrait comprendre l’aigre-douceur de voir Logan se faire pardonner une ENIEME fois de ses attitudes… Qui pourrait avoir le coeur brisé autant que nous de voir les yeux de Jess se poser sur Rory, une dernière fois ?

Alors oui, ce n’est pas une série à suspense, et le moindre problème ou conflit n’en est jamais vraiment un. Tout est souvent rapidement résolu par de la guimauve scénaristique ou de l’argent magique. Mais les questions et les émotions mises en scène sont elles, très réelles et savent m’émouvoir, m’indigner et me réconforter. C’est la force d’une série doudou, elle ne nous fait pas peur dans le noir et elle nous berce d’illusions agréables.

Bref. Gilmore Girls, c’est une histoire d’amour, autour d’un plaid et un burger. Avec une odeur torréfié dans l’air, qui nous rappelle que les feuilles tombent à l’automne et que la neige n’est jamais bien loin de nous saupoudrer de sa magie.

BONUS : Mes épisodes préférés que je vous conseille ?

Clairement le meilleur niveau rythme, enjeu et humour. All in One. ♥

Un épisode qui fait du bien au coeur, qui nous montre la face faillible de Luke et les enjeux pour le personnage de Jess.

L’épisode du SOULAGEMENT, pour tout·es ceux qui sont allergiques aux injustices et aux incompréhensions entre personnages.

L’épisode final et aussi le mieux réussi d’un point de vue esthétique Gilmore core.

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